La pandémie Covid-19 a bouleversé le monde du travail: on assiste aujourd’hui à un changement profond dans la manière de se relationner au travail, de conjuguer vie professionnelle et vie privée. Une prise de conscience générale post crise sanitaire sur l’importance d’un équilibre vie pro/vie perso.
Les chefs d’entreprise et les recruteurs s’en inquiètent.
QUELLES SONT LES CAUSES DE LA CRISE DU TRAVAIL?
Après la crise sanitaire, nous voilà dans une société en crise existentielle se questionnant sur le rôle du travail dans la vie, des études, de la carrière, du sens à donner au job, du ratio-temps entre vie privée et vie pro.
Mais quelles sont les causes de cette crise, de cette (r)évolution du monde du travail post-pandémique?
Si la pandémie a été une expérience et une épreuve physique et mentale, elle a permis dans un premier temps, à la majeure partie des individus de se reposer. En parallèle nous avons dû apprendre à faire les choses individuellement, en solo. Cette expérience a permis à beaucoup de personnes d’appréhender la solitude, découvrir leurs propres besoins, envies et plaisirs induisant de manière générale, une meilleure réflexivité et connaissance de soi. Elle a changé le rapport que nous avons à nous-mêmes et dans la perception que nous avons de nous-mêmes.
Et puis, dans un deuxième temps, les travailleurs ont dû s’adapter soudainement aux nouvelles méthodes de travail dictées par la situation sanitaire, amplifiant ainsi l’utilisation du numérique et en démocratisant le télétravail. En même temps, certains ont été durement frappés par le licenciement .
Avec la reprise post -covid de la vie professionnelle les travailleurs de tout âge et profession se sont ainsi interrogés sur leur mode de vie avant et après, en particulier sur le rôle et le temps consacré au travail dans leur vie, sur l’importance d’avoir du temps pour soi, les loisirs, les amis, la famille.
On assiste actuellement à une forte volonté de ne plus laisser le travail prendre le pas sur tout le reste et privilégier le bien-être personnel. Une attitude indéniablement plus prononcée dans la jeune population active, principalement celle de la génération Z. Une génération qui déjà avant la pandémie accordait plus d’attention aux conditions de travail et le bien-être de soi.
LA VIE CE N’EST PAS LE TRAVAIL
“ La vie ce n’est pas le travail, mon bien-être passe avant” me dit une jeune patiente d’un air plus qu’évident.
“Prends tes distances avec ton travail, libère-toi du temps” nous dit bien Beyoncé dans Break my Soul
Résultat des courses: faire le strict minimum au travail. Une tendance en plein essor que les américains ont appelé, à mon avis à tort, le quiet quitting( démission silencieuse). En effet dans la plupart des cas il ne s’agit pas d’une volonté de démissionner ou de se faire virer, ni en silence ni à haute voix, mais simplement une tendance à lever le pied en quête d’un meilleur équilibre entre vie pro et vie privée.
Une génération qui refuse que le travail prime sur tous les autres aspects de la vie se traduisant par un respect scrupuleux des horaires et des tâches de leur cahier des charges….Ni plus ni moins.
Pas question de participer à certains projets qui demandent de l’investissement, ni de faire des heures supplémentaires ou répondre à des messages professionnels en dehors des heures de travail et encore moins d’accepter des responsabilités qui dépassent leur fonction.
EN FAIRE LE MINIMUM AU TRAVAIL: CONSÉQUENCES?
Engagement professionnel, investissement, disponibilité, flexibilité , implication: des compétences nécessaires , requises dans notre société pour des postes stratégiques, de management, de direction ou pour faire carrière.
Finalement, poser le bien-être de soi au centre des préoccupations, est-ce un gain ou un piège en termes de réussite , évolution, prise de responsabilité professionnelle, bonheur personnel?
Est-ce qu’ une telle attitude va inciter une direction à se préoccuper de l’évolution de ses collaborateurs, à offrir des opportunités de formation et de développement, à s’investir dans la formation des jeunes?
Ce qui est une certitude c’est que la reprise économique déclenche une Pénurie de talents en Suisse et des difficultés de recrutement pour des postes stratégiques dans une génération-les millenials- préoccupée à préserver sa santé mentale.
Sans nommer les quelques secteurs d’activité critiques qui peinent à trouver de la main-d’œuvre ou les associations qui comptaient sur le bénévolat.
Finalement, l’économie suisse ( mais également la France, l’Allemagne, l’Italie…) manque de cerveau et de bras dans une période de grosses cohortes de baby-boomers partant à la retraite et de nouveaux arrivant très sensibles aux conditions de travail.
Un individu qui cherche à prendre soin de soi, de sa santé psychique est une attitude plutôt saine et positive. Toutefois réduire sa participation au travail au strict minimum peut se révéler néfaste: priver d’expérience professionnelle et relationnelles intéressantes, provoquer une sortie d’apathie croissante, éteindre l’enthousiasme de la progression de carrière, créer du désintérêt pour la formation continue. De surcroît un travail purement alimentaire apporte-il de la satisfaction et de la valorisation de soi?
MAIS QU’EN EST-IL DE LA SANTÉ DES PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES?
Les répercussions de cette Z-attitude au travail s’avèrent dommageables pour les entreprises et l’économie de manière plus globale touchant la productivité, la qualité et limitant la communication et les interactions professionnelles. Une tension perceptible et indéniable entre employeurs et employés, entre génération burn-out dévouée et engagée vers son employeur et génération Z(en) préoccupée à investir son temps et son énergie ailleurs qu’au job.
Entre monde capitaliste où l’humain, sous pression, se sent de plus en plus instrumentalisé et interchangeable et économie socialiste prônant les intérêts collectifs.
On pourrait s’interroger:
-S’agit-il d’Une révolution silencieuse, une sorte de mécanisme de défense réactionnel employée par la génération des millenials, touchée de plein fouet par la crise sanitaire et préoccupée par la culture du burn-out de leurs parents?
-Ou plutôt un comportement de fainéants, sans ambitions, sans projets ni passions?
CONCLUSION
Si cette nouvelle attitude de démotivation et désengagement- à étiologie complexe et multifactorielle, reste pour l’instant difficilement quantifiable , il n’en reste pas moins une tendance qui ne passe pas inaperçu dans le monde du travail et qui inquiète et agace de manière légitime chefs d’entreprise, manager, direction RH et recruteurs.
Et si on profiter de la nouvelle génération , la génération Z, pour nous aider à remettre le travail à sa juste place dans la vie; nous aider à adopter une Z-attitude face au stress professionnel; nous aider à déconnecter en prévenant le surmenage professionnel; nous aider à prendre plus de temps pour soi?
Deux générations qui ont des compétences et valeurs à s’apporter réciproquement dans la recherche d’un équilibre sain et subtile autant pour l’individu que pour l’entreprise au travers de l’écoute des besoins des uns et des autres.
COMMENT REMOTIVER LES TROUPES?
Être démotivé n’est pas grave si cette attitude dure pour une brève période. Chacun d’entre nous peut se remémorer cette phase de vie dictée par une raison quelconque et très individuelle par ailleurs.
Il est erroné de penser que le moteur motivationnel est le même pour tous. Si un collaborateur retrouve la motivation avec de l’argent, son collègues le sera avec la possibilité de faire un jour de semaine en télétravail, et l’autre encore d’avoir des horaires de travail fixes…
Il est donc essentiel que l’employeur puisse écouter et identifier les attentes de chacun, se soucier des leurs compétences permettant à chaque employé d’être dans sa zone d’excellence et enfin comprendre les leviers de motivation/démotivation individuels afin de ré motiver la troupe.
OUTILS PRATIQUES
Même s’il peut s’avérer parfois difficile de prendre le temps nécessaire sur son organisation pour identifier les sources du désengagement de ses salariés, il s’agit d’un gain de temps, d’énergie pour tous. Par ailleurs quand la satisfaction individuelle
monte en flèche, elle propulse la motivation dans l’équipe et organisation vers de meilleurs résultats tels que des
niveaux plus élevés de productivité, de sécurité et de qualité.
L’ENTRETIEN MOTIVATIONNEL
Nous passons en moyenne 8h par jour au travail. Ce serait bien dommage de passer tout ce temps dans un job qui vous ne motive pas, qui ne génère aucune satisfaction ou envie d’engagement, qui provoque même une sorte d’apathie au travail.
Comment fonctionne la mécanique de la motivation, quels sont ses critères?
La démotivation advient quand il y a un décalage entre nos attentes, ce qui l’on imaginait de notre job, et la réalité
4 domaines sont à explorer lorsqu’on veut s’intéresser à la motivation des employés.
✔️la reconnaissance
Il est essentiel de savoir constater, percevoir, remarquer les efforts et les réussites des collaborateurs. Se sentir reconnu, apprécié, complimenté est un gage d’initiative et d’engagement au travail
✔️la perspective d’évolution, les aspirations
La possibilité d’évoluer sur de nouvelles missions, monter en grade ou élargir des compétences et savoirs à travers de la formation continue, ce sont des critère importants pour chaque salarié afin de garder l’investissement motivationnel dans le temps
✔️l’attitude managériale
Quand un collaborateur démissionne de son poste, dans 50% des cas il quitte son manager, son responsable et pas forcément son travail. De bonnes pratiques managériales sont donc essentielles à l’engagement des salariés
✔️la rémunération
Ce dernier critère, l’argent, est également un levier d’engagement significatif. Un salarié qui considère ne pas être payé à sa juste valeur, ne fournira pas d’efforts supplémentaires, ne s’investira pas dans ses tâches, voire regardera ailleurs pour déboucher un travail correspondant à sa représentation de sa propre valeur professionnelle .
Conclusion:
Lorsque ces besoins sont écoutés et majoritairement satisfaits, les employés deviennent psychologiquement et émotionnellement plus investis au travail, plus motivés, plus enclins à donner le maximum de soi. Par conséquent, les performances individuelles augmentent, influençant positivement même l’entourage pro. Cette contagion positive d’équipe donnera des résultats incontestables sur tous les niveaux: qualité, productivité, sécurité, communication et ambiance générale énergisante.
Cependant il peut s’agir de démotivation personnelle en lien avec une envie de changement , des doutes quant au choix du secteur de travail, un questionnement de reconversion pro…
Aider les collaborateurs dans cette prise de conscience, qui parfois est méconnue par le salarié même, est synonyme de santé autant pour l’individu que pour l’entreprise.
QUESTIONNAIRE
- Je sais ce qu’on attend de moi au travail. Mon cahier des charges correspond assez bien à mes tâches. OUI/NON
- On me fournit les moyens et l’équipement nécessaires pour mener à bien mes tâches. OUI/NON
- Je peux utiliser mes compétences et mes connaissances tous les jours. OUI/NON
- Chaque semaine je reçois des feedback positifs concernant le travail ou une tâche effectuée. OUI/NON
- Mon responsable se soucie de moi en tant que personne ( fatigue, stress, santé..).OUI/NON
- La direction encourage mon développement et/ou l’élargissement de mes compétences. OUI/NON
- Mes opinions et idées sont prises en compte. OUI/NON
- La mission, les valeurs, le but de mon entreprise me font me sentir important en tant que professionnel. OUI/NON
- Mes collègues sont engagés autant ( ou plus) que moi pour accomplir un travail de qualité. OUI/NON
- La relation avec certains collègues sort d’une relation purement pro. OUI/NON
- Les 6 derniers mois mon responsable/la direction m’a parlé de mes progrès. OUI/NON
- Durant les 12 derniers mois j’ai eu l’opportunité de faire de la formation continue, d’ apprendre davantage( formation interne ou externe). OUI/NON
5 critères d’auto-évaluation pour savoir s’il est temps de changer de job!
Dans mon travail actuel:
- J’ai la possibilité de faire ce que j’aime le plus, d’utiliser mes talents, mes compétences, mes connaissances. OUI/NON
- J’ai un bon équilibre entre vie pro et vie privée. OUI/NON
- J’ai le salaire que j’estime mériter pour mon poste. OUI/NON
- Je ressens de la stabilité et de la sécurité pour mon poste
- J’ai l’opportunité de travailler pour une société ayant de bonnes valeurs et qui a bonne réputation dans son domaine de compétences. OUI/NON
Si vous obtenez plus de 3 NON sur les 5 critères il est temps de se poser la question sur l’éventualité de changer de travail!